Le Bonapartisme au XXIème siècle

Alors qu’on peut retrouver un entretien du prince Joachim Murat sur le site du magazine l’Incorrect, nous publions le dernier texte qu’il a bien voulu nous adresser et qui vient conforter ce pourquoi nous nous battons depuis des années. Un entretien et un texte qui vont marquer un nouvel élan pour France Bonapartiste.

Quoi de plus actuel que le Bonapartisme ?

Le 1er février 2020 se sont tenues les assises du Bonapartisme, dont j’ai eu l’honneur de faire l’ouverture, dans les salons du Sénat.

Le parti Bonapartiste avait été mis en sommeil en 1939 par le Prince Napoléon pour éviter toute instrumentalisation par l’Allemagne nazie. Jusqu’à la Seconde guerre mondiale le bonapartisme hérité du premier et du deuxième Empire jouait un rôle important dans le paysage politique français. Pendant la guerre la flamme du bonapartisme a continué à briller, portée par le Prince Napoléon et le Prince Murat dans la Résistance française. Ils firent preuve d’un courage et d’un dévouement pour la défense de la Patrie dont peuvent être fiers tous les bonapartistes, mais aussi toutes les françaises et tous les français. Mon grand-père fit le sacrifice de sa vie pour la Résistance. Il fut abattu le 20 juillet 1944 par la division « Das Reich », le corps d’armée nazi responsable du massacre d’Ouradour-sur-Glane. Il avait 24 ans.

Le choix héroïque du courage, de l’indépendance et de la liberté face à la lâcheté au profit d’une clique qui domine par la peur. La volonté de connaître une existence gouvernée par le sens de l’honneur, le courage, le panache, le service d’un collectif qui nous dépasse et nous grandit. Le désir d’une construction de soi qui ne s’arrête pas à la construction d’un patrimoine. Le refus de se résigner à avoir pour seul horizon de n’être qu’un tube digestif endetté. Une philosophie de la responsabilité et de la résistance à la médiocrité. C’est cela le bonapartisme

Cette philosophie, cet esprit vivent encore grâce à l’énergie de David Saforcada et de Thierry Choffat, avec le soutien indéfectible de mon père. Dans une France qui en a grand besoin, les assises du 1er février 2020 au Sénat illustrent bien la vitalité de nos idées et la valeur de notre engagement.

À l’origine, le bonapartisme est un courant politique qui vise à établir un État national à exécutif fort, centralisé et d’essence républicaine, donc sociale. Il puise sa légitimité dans l’adhésion de la Nation par la consultation régulière des citoyens via référendum. Il garantit ainsi à la souveraineté populaire de s’exercer pleinement et d’être absolument respectée. Quel est aujourd’hui le cadre le plus favorable à l’expression de la volonté citoyenne ? Cela pose la question du mode d’organisation de la République le plus adapté à cette expression et permet d’affirmer qu’il n’y a pas de contradiction entre décentralisation et État fort.

Le bonapartisme a redéfini les bases de l’organisation territoriale de notre Pays : départements, cantons, arrondissements, communes, conseils généraux et préfets. Ce sont les fameuses « masses de granit » de notre Nation auxquelles s’ajoutent le Code civil, le Sénat, le Conseil d’État, la Cour des comptes, les Lycées, la Banque de France, etc. Toutes créées par le Consulat et l’Empire. Les principaux acquis sociaux dont nous bénéficions aujourd’hui sont directement issus du deuxième Empire (droit de grève, développement de l’instruction publique, premiers logements sociaux, santé gratuite dans 50 départements, etc.). C’est aussi le saut dans la modernité : la révolution industrielle en France n’aurait pas eu lieu sans Napoléon III. Paris était alors la ville la plus moderne du monde.  La volonté de grandeur, la défense acharnée des intérêts nationaux et de la souveraineté nationale, le respect de l’ordre et des Lois sont inscrits dans le génome bonapartiste. La consultation populaire régulière par voie de référendum permet un dialogue continu entre les citoyens et leurs représentants. Elle assure un contrôle par le peuple des principales évolutions du Pays et, surtout, promeut une élite au service de l’intérêt général. Le bonapartisme c’est une méritocratie qui obéit au principe de responsabilité sociale et politique au sens de l’article 1er de notre Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».

Le Conseil National de la Résistance puis le Gaullisme avaient revitalisé et actualisé cet héritage après la Seconde guerre mondiale en donnant naissance à la Sécurité sociale, en assurant notre indépendance nucléaire, notre siège au Conseil de sécurité, en favorisant par le soutien de l’État l’émergence de champions mondiaux dans l’énergie, la défense, l’espace, l’aéronautique, le traitement des eaux, l’automobile, l’agroalimentaire, la santé, etc.

Mais depuis les années 1980 cet héritage est violemment attaqué par l’émergence et finalement la domination d’un courant de pensée qui mélange économisme, dé-constructivisme, communautarisme à l’anglo-saxonne, auto-flagellation et angélisme.

Ce courant de pensée dominant a complétement désarmé la France face à des défis de société en constante aggravation : réduction « ad pecuniam » de l’Humanité par les titans d’une mondialisation économique qui a accélérée notre désindustrialisation et nous relègue au rang de puissance moyenne, chômage structurel de masse, construction européenne qui ne satisfait pas les peuples et dissout notre souveraineté, immigration massive dont l’assimilation devient un défi existentiel, attaques contre nos principes de laïcité, explosion de l’insécurité et ultra violence de la délinquance de voie publique, fuite des cerveaux et vente de nos champions nationaux à l’étranger, déclin dramatique du niveau scolaire et disparition de la méritocratie depuis l’abandon de la sélection dans l’enseignement, importation de la « cancel culture » américaine, démantèlement de nos services publics, fraude fiscale, fraude aux prestations sociales, impréparation face aux risques systémiques tels qu’une pandémie ou les défis environnementaux.

Face à ces défis il faut un réveil énergique pour empêcher le déclassement de notre pays et relancer une politique de grandeur et de souveraineté sur le plan intérieur comme à l’international.

Je vois quatre piliers pour soutenir cette politique :

Premier pilier : Restaurer la souveraineté nationale et l’adhésion populaire par l’exercice du référendum. Renégocier les traités, renégocier la gouvernance de l’Euro. Il faut pour cela être prêts à quitter l’Union Européenne quitte à relancer une nouvelle construction européenne, cette fois alignée sur la volonté populaire. Passer d’une Europe anti démocratique de « la pénombre des commissions » (Ph. Séguin) qui ne fabrique qu’un appareil technocratique et financier alimenté par les lobbies à une Europe de la coopération et de la protection de ses peuples. La barrière de l’Euro semble presqu’infranchissable, on nous explique que les traités ne sont pas renégociables, on nous dit que c’est impossible. Rendons la parole à l’Empereur : « l’impossible est le refuge des poltrons ».

Deuxième pilier : Restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble de notre territoire. Immédiatement et avec la plus grande fermeté. Mettre un coup d’arrêt à la délinquance de voie publique et à l’explosion du trafic de drogue par l’application du principe de tolérance zéro. Mettre fin aux fraudes fiscales (80 milliards d’euros par an d’après les estimations les plus basses) et aux détournements de nos systèmes de protection sociale (plus de 8 millions de faux bénéficiaires selon la Cour des Comptes). Avec un Ré-enrôlement biométrique de tous les assurés sociaux ce problème serait réglé en 3 ans. Les champions mondiaux des technologies biométriques sont justement des sociétés françaises.

Troisième pilier : Restaurer notre puissance économique. Reprendre en main nos leviers de souveraineté économique. Taxer lourdement l’importation de produits qui ne répondent pas aux mêmes contraintes environnementales et sociales que les nôtres. Défendre notre agriculture (comment peut-on tolérer que nous importions 45% de notre consommation alimentaire ?). Renforcer le soutien public à nos industries et à nos innovations technologiques par une vraie stratégie de politique économique, ferme et agressive. Redynamiser l’entreprenariat (en 1946, 35% des actifs en France étaient entrepreneurs ou indépendants, ils sont moins de 10% aujourd’hui). Revaloriser le travail manuel, technique et artisanal. Appliquer la préférence nationale dans les procédures d’acquisition de marchés publics. Arrêter la braderie de nos derniers champions et récupérer nos pépites parties ou en partance (Alstom, Photonis, Morpho, etc.). Stopper la privatisation de nos biens communs (autoroutes, aéroports, santé, enseignement supérieur entre autres). Exploiter le formidable relais de développement et de croissance que constitue notre domaine maritime de presque 11 millions de kilomètres carrés (le deuxième après les États-Unis). Revitaliser l’espace francophone qui regroupe aujourd’hui 75 pays et représentera 700 millions de personnes en 2050.

Quatrième pilier : Unir les Français en nous rassemblant autour de l’idée de grandeur et de fierté nationale. Les Hommes ne s’unissent que par ce qui les dépasse. La France d’aujourd’hui reste une pépinière à héroïnes et à héros, toujours anonymes. J’ai eu le privilège d’en côtoyer dans des domaines aussi divers que l’armée, la diplomatie, le renseignement, les premiers secours, la justice, la police, la santé, l’éducation. Mettons-les à l’honneur, qu’ils nous inspirent et inspirent nos enfants. Réapprenons à tous nos compatriotes à renouer avec l’excellence, à aimer leur pays, son histoire, ses valeurs, sa singularité. Réalisons cet objectif qui nous rassemble, nous unit dans notre diversité et nous dépasse : la grandeur, le prestige et le rayonnement de la France et du peuple français.

Le peuple français dans son ensemble et dans toute sa diversité a soif de fierté et de grandeur. La France en a les moyens, il ne manque que l’envergure et le courage politique.

Le bonapartisme est l’exacte expression de ce courage politique.

SAR le Prince Joachim Murat