CORSE : LA POUDRE AUX YEUX DE LA MANIFESTATION D’AJACCIO

L’organisation d’une manifestation de rue à Ajaccio quelques jours avant la visite mémorielle du Président de la République était pour les avocats séparatistes un redoutable pari, entaché de provocation. L’ont-ils réussi ? C’est ce que nous allons vérifier à la seule lumière des réalités du terrain. Allant à l’essentiel, nous démontrerons l’échec de la mobilisation et dénoncerons l’incohérence idéologique de la prestation.

S’agissant de la participation, manifestement l’assistance espérée n’a pas été au rendez-vous. Comme à l’accoutumée, les évaluations varient du simple au quadruple, de 5600 à 6000 de la police, à 20.000 des organisateurs. Nous ferons appel à l’arbitrage incontestable d’une seule image échappant à la censure, celle de la place de Gaulle, regroupement final des marcheurs. Alors que cet espace peine à contenir 10.000 personnes, on découvre subrepticement qu’elle est loin d’être remplie. Le chiffre de 6000 est donc le plus proche de la réalité. Ainsi, les organisateurs ne sont parvenus à mobiliser que le dixième de leurs 67.155 électeurs (sur 233988 inscrits), en dépit d’un battage assourdissant, attirant même quelques indépendantistes Savoyards ( !). L’échec est patent, et même quelques Séparatistes clairvoyants le confessent en privé.

L’incohérence idéologique de la prestation crève également l’écran. Pour anesthésier les naïfs, les Séparatistes drapent la revendication de l’autonomie du lin blanc du maintien dans la République, juré craché la main sur le cœur. Cette profession de foi en la France aurait dû logiquement se concrétiser dans la manifestation par le déploiement de quelques drapeaux tricolores dans la forêt des emblèmes à tête de maure. Mais on a beau scruter à la loupe, on n’en dénombre pas un seul. Ce que veulent en fait les Séparatistes, c’est le beurre et l’argent du beurre, tout en crachant sur la crémière.

Mais le plus important n’est pas la manifestation en elle-même. Ce qui interpelle surtout c’est la révélation à cette occasion de la confusion générale des esprits dans l’île.

La pseudo représentation loyaliste insulaire ne s’est certes pas associée à la manifestation, mais ce n’est que partie remise, au train de sa dérive identitaire. C’est ainsi que le maire d’Ajaccio n’a rien trouvé de mieux que d’ouvrir la manifestation par la cérémonie du « débaptême » de la rue Marbeuf, gouverneur historique français de la Corse, en rue Sollacaro, avocat assassiné, réputé pour son séparatisme intransigeant. Comme preuve d’attachement à la France, il y a mieux !

Mais plus grave, une frénésie d’autonomie a saisi la plupart des caciques politiques de l’île, comme frappés de fièvre obsidionale. Plus autonomiste que moi tu meurs ! Ils ne jurent plus que de l’inscription de la Corse dans la Constitution, à l’instar de la Nouvelle Calédonie. Faut-ils qu’ils soient inconséquents pour ne pas se rendre compte qu’il s’agit là d’un moyen insidieux de faire passer toutes les mesures anticonstitutionnelles qu’ils combattent par ailleurs. Cette confusion générale explique la désertion massive des urnes par les citoyens écœurés.

Aujourd’hui en plein désarroi, la majorité silencieuse de l’île tient toujours à rester française à part entière, dans une France réformée, conciliant harmonieusement riches identités provinciales et vitale unité nationale, que de croissantes forces centrifuges menacent de faire voler en éclats. N’apprend-on pas que 130 élus alsaciens réclament à leur tour un statut particulier pour l’Alsace ? D’autres régions périphériques qu’il n’est point besoin de nommer suivront inéluctablement. Si on n’y prend garde, la France retournerait alors au Moyen Age.

Aussi, cette majorité silencieuse insulaire en appelle-t-elle instamment au Président de la République, gardien du temple sacré de l’unité de la Nation, pour sortir par le haut de la crise corse.

En ne la décevant pas, monsieur le Président de la République, vous ne décevrez pas la France.

Général (2S) Michel Franceschi