[Vidéo] Etre Bonapartiste au XXIème siècle, discours de Christopher Destailleurs-Henry

Christopher Destailleurs-Henry (Cadre de France Bonapartiste) revient sur la définition d’être Bonapartiste au XXIème, lors des assises du Bonapartisme qui se sont déroulées le 01/02/2020 dans l’enceinte du Palais du Luxembourg.


Discours


Mesdames, Messieurs, Napoléoniens, Bonapartistes, admirateurs de l’Empire ou curieux de l’épopée napoléoniennes, nous nous retrouvons en ce lieu chargé d’Histoire autour de cette thématique si vaste et si passionnante qui est la vision napoléonienne du Sénat et des collectivités territoriales.

Cette vision appartient-elle au passé, ou au contraire est-elle intemporelle ? c’est-à-dire à la fois éternelle et perpétuelle.

En quelques minutes d’intervention, il me charge de démontrer qu’on peut être bonapartiste au XXIème siècle, embrassant ainsi les idées de nos Empereurs sans pour autant pleurer sur les cendres du passé.

Bonapartisme nostalgique ou Bonapartisme progressiste ?

Pour beaucoup, il est difficile d’associer le bonapartisme avec l’ère contemporaine. En effet certains unissent les idées de nos Empereurs à des temps passés, glorieux certes mais hélas révolus.

Et pourtant, le génie des idées napoléoniennes, de cette vision si particulière, est qu’elles peuvent s’adapter au monde moderne, sans jamais dénaturer la source originelle. Je reprendrai bien volonté les mots de Thierry Choffat ici présent : « Le bonapartisme est un progressisme » en ajoutant qu’il n’est évidemment pas un synonyme de « nostalgie ».

Mieux encore, il n’est nullement un conservatisme même s’il regarde parfois dans le passé pour y puiser des références historiques aptes à lui montrer une voie pour l’avenir. Penser au futur est une constante pour lui. Seul lui importe le sort du Peuple. Il est surtout égalitaire, voulant, comme Napoléon qu’un fils de cultivateur (ou aujourd’hui d’un ouvrier ou d’un employé) puisse demain devenir ministre, professeur, avocat ou haut-fonctionnaire. Le pouvoir bonapartiste croit fermement en un ascenseur social permettant à chacun, selon ses capacités, mais non en fonction de sa naissance, de progresser dans la hiérarchie sociale. Le bonapartisme répond parfaitement à la définition du progressisme : il agit pour une transformation profonde des structures sociales et politiques qui doit être accomplie pour une plus grande justice sociale et pour l’amélioration des conditions de vie.

Louis-Napoléon Bonaparte l’a fait avant nous. En s’inspirant des idées de son oncle, il a su adapter le bonapartisme vers une ère nouvelle, entraînant la France vers une révolution industrielle sans précédent et en créant le socle des droits sociaux que nous connaissons aujourd’hui. Il n’a jamais dénaturé la vision de l’Empereur Napoléon Ier, avec comme cap le bonheur du peuple Français.

J’ajouterais que les principes bonapartistes, héritages de Napoléon Ier et de Napoléon III et de leur état d’esprit, restent vivaces car ils tournent autour de valeurs simples comme l’égalité, l’autorité, la souveraineté, l’indépendance, le progrès capables de s’adapter à aujourd’hui car le bonapartisme est un patriotisme social progressiste, comme l’ajoutait David Saforcada dans nombreuses de ses interventions. Une grande partie des Français sont en effet attachés à ces valeurs comme ils sont attachés à une certaine idée de la France, une France grande et généreuse, écoutée et respectée.

Être bonapartiste aujourd’hui c’est défendre une politique de rassemblement au-dessus des clivages stériles droite/gauche, c’est avoir une vision patriote et sociale, c’est être capable d’épouser son époque même s’il est parfois nécessaire de puiser la source dans le passé.

Les idées napoléoniennes ou bonapartistes s’axent autour de principes forts dont la définition et ses capacités à être étudiées de tout temps n’ont pas pris une ride…

  • Souveraineté : Souveraineté de l’Etat face aux féodalités, aux dérives séparatistes et communautaristes. Souveraineté populaire avec une participation plus directe des citoyens dans les affaires du pays. L’idée que tout ce qui se fait sans le peuple est illégitime
  • Autorité dans la démocratie : qui ne doit pas être confondu avec l’autoritarisme. C’est donc l’idée qu’ensemble, État et citoyens, chacun a autant de droits que de devoirs. Toutes les délinquances doivent être combattues, se traduisant par une justice efficace et respectueuse des lois et des libertés.
  • Unité et indivisibilité de la Nation : pour luter contre toutes les formes de féodalité.
  • Méritocratie et progrès social : C’est-à-dire glorifier l’enseignement et la formation comme a pu le faire Napoléon III avec le concours de son ministre de l’instruction publique Victor Dury.
  • L’Appel au Peuple : utilisation du référendum qui doit rester, au niveau national, une prérogative du chef de l’État.

Ces lignes directrices, qui ont toujours inspirées nos Empereurs, peuvent être suivies aujourd’hui par les bonapartistes du XXIe siècle qui auront à cœur de poursuivre une politique juste et efficace.

Le Prince Joachim Murat, dont je remercie sa présence à nos cotés aujourd’hui, a également apporté la réponse de ce qu’est le Bonapartisme du XXIe siècle : C’est l’appel à une France qui met au premier plan une instruction publique créatrice de cohésion nationale et de liens transgénérationnels, sans lesquels toute société s’effondre ; une France qui intègre les diversités comme une richesse mais pas à n’importe quel prix ; une France qui favorise l’esprit d’entreprise et qui protège réellement les travailleurs ; une France sans millefeuilles administratif et plus décentralisée ; une France qui ne livre pas son système éducatif, son système de santé, sa politique culturelle et ses principales infrastructures aux fonds de pensions étrangers.

Les institutions créées par Napoléon Ier perdurent encore de nos jours, la révolution industrielle et l’apport social de Napoléon III continuent de porter leurs fruits. Cela ne démontre-t-il pas que « Bonapartisme » et « progressisme » n’ont cessé d’être liés, et que sur cette lancée, les Bonapartistes n’auront jamais une vision dépassée…

Restaurer coûte que coûte l’Empire ; une mauvaise interprétation du Bonapartisme.

Pour beaucoup encore, le bonapartisme n’agit que pour le retour de l’Empereur, ne pouvant in fine embrasser les principes de la Ve République. Cela est pourtant entièrement faux. Tout d’abord il convient de rappeler que le bonapartisme est loyaliste. C’est-à-dire que ses partisans se retrouvent dans un « gouvernement » inspiré d’une volonté d’union, de patriotisme et de progrès. Ils ne sont donc points disposés à un retour brutal vers des régimes abolis sans toutefois rejeter la possibilité d’une restauration impériale en faveur d’un membre, uniquement, de la Famille Impériale qui ne pourra se faire que par le souhait du Peuple.

Il faut en effet savoir que le bonapartisme ce n’est ni l’attachement au gouvernement impérial ni à la dynastie. Il y avait des bonapartistes avant 1804, il y a des bonapartistes aujourd’hui alors que la Famille Impériale s’est désintéressée – pour l’instant – à la sphère politique, et il y aurait encore des bonapartistes si la famille Bonaparte venait à s’éteindre. Le bonapartisme c’est l’attachement à un système et à des valeurs. Le plus important n’est pas dans l’Homme recherché mais dans les idées voire la stratégie suivie. Ainsi, comme l’exposait de Cassagnac, « nous ne servons pas le Prince mais les Principes ».

L’unité nationale refuse les nouvelles féodalités locales. L’indépendance nationale conditionne la souveraineté populaire. La laïcité interdit le communautarisme. Enfin, l’égalité des chances favorise le mérite.

Le Bonapartisme défend des valeurs fortes, sans pour autant s’enfermer dans un dogmatisme doctrinaire figé et passéiste. C’est pour cela que les bonapartistes ne seront jamais les oxymores de la pensée moderne.  

Christopher Destailleurs-Henry