Le bonapartisme, une pensée ancrée dans la modernité

Pour remettre de l’ordre en France et offrir une alternative au modèle actuel, il faut être en mesure de mobiliser une force politique à la fois cohérente et déterminée. Or, aujourd’hui, les Français qui aspirent au renouveau sont suffisamment nombreux pour constituer un tel pôle. A partir de là, et à condition qu’ils cessent de se diviser et de se culpabiliser, ils pourront à nouveau peser sur le destin de leur pays. Le projet des bonapartistes est donc d’œuvrer à la mise en place d’un rassemblement qui puisse permettre d’accéder “demain” au gouvernement de la France. 

Si les tenants de la politique actuelle, et que tous connaissent depuis plus de 40 ans, ont réussi à imposer leurs vues, c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé en face d’eux une force suffisante. Or, face à l’autisme et à l’aveuglement de la classe politique actuelle, nous sommes convaincus que ce puissant courant qui a manqué hier à notre pays peut désormais commencer à se constituer. Certes, nous le savons, beaucoup jugeront ce propos par trop optimiste et l’accueilleront avec ironie ou scepticisme. La disparition prolongée d’un mouvement bonapartiste, la multitude de petits mouvements patriotes et la montée du Rassemblement National semblent en être la cause. Pour autant, Il faut se persuader que ce qui était impossible est devenu possible. La scène politique nationale, hier encore complètement bloquée dans un clivage droite/gauche, est aujourd’hui déverrouillée et les perspectives qui s’ouvrent paraissent désormais bien plus prometteuses.

Il s’agit donc d’entreprendre ce vaste travail de rassemblement afin de pouvoir demain remettre de l’ordre en France. Le but est bien de jeter les bases de cette grande force politique dont le pays a besoin. Pour y parvenir, il faut s’appuyer sur un mouvement bonapartiste fort.

France Bonapartiste doit être un mouvement nouveau et original qui doit être le continuateur du mouvement de l’Appel au Peuple et du Rassemblement Bonapartiste. Il doit défendre bien sûr l’essentiel des valeurs napoléoniennes. 

Ce mouvement bonapartiste doit s’affirmer comme un mouvement respectueux de nos institutions et de nos principes républicains. En ce sens, il doit militer pour l’égalité des citoyens, la souveraineté du peuple, l’unité de la nation et le respect des droits des personnes. Il doit être attaché aux libertés ainsi qu’à la fraternité, la sûreté et à toutes les valeurs humanistes qui fondent notre civilisation. Il ne peut que condamner toute forme de racisme, d’antisémitisme, de « séparatisme ». Il doit se faire le défenseur de la démocratie ainsi que le promoteur de toutes les vertus nécessaires à son épanouissement.

Il ne faut pas que France Bonapartiste soit considérée comme un mouvement protestataire. Certes, il entend dénoncer tout ce qui ne va pas dans le pays et s’opposer au désordre qui le détruit, mais son propos doit être de rendre l’espoir aux Français et de leur proposer un projet constructif. Son objectif doit être d’exercer demain des responsabilités pour engager les grandes réformes qu’exige le renouveau de la France. 

Mouvement responsable, il doit donc être ancré dans les réalités d’aujourd’hui et tourné vers les Français. Les cadres, les militants doivent régulièrement être en contact avec nos compatriotes, sur les marchés, dans les commerces, à la sortie des usines ou dans les cages d’escalier des immeubles. Chaque fois que se produisent des événements qui mettent en cause leur vie quotidienne et laissent indifférents les politiciens du système, les bonapartistes doivent être en mesure de réagir aux côtés des Français. Agressions violentes, fermetures d’usines, attaque contre l’unité de la Nation, atteintes au cadre de vie, etc… autant d’occasions parfois tragiques de venir apporter leur appui, de faire entendre leur voix. 

Si France Bonapartiste se veut l’avocat de tous les bonapartistes et de tous les Français, il ne doit pas chercher à faire revivre un passé révolu. Bien sûr, il peut arriver aux bonapartistes de se bercer de la nostalgie des époques impériales, des victoires de la Grande Armée comme des combats perdus, des charges héroïques du 1er Empire comme des progrès sociaux du Second. Mais c’est aux défis de demain qu’ils veulent et doivent répondre en prenant en compte les réalités et les mentalités du monde d’aujourd’hui. France Bonapartiste doit puiser sa vigueur parmi les Français tels qu’ils sont en ce début de siècle et doit apporter des solutions concrètes à leurs problèmes actuels. France Bonapartiste doit être un mouvement moderne qui entend réussir dans le temps présent.

La démarche doit être aux antipodes de toute attitude sectaire. Il ne faut pas chercher à s’isoler de la société, à se couper de certaines autres forces politiques, à s’enfermer dans un bunker d’où tous ceux qui ne sont pas bonapartistes seraient rejetés. Le Bonapartisme est par nature un instrument de rassemblement qui entend pratiquer l’ouverture et la main tendue. Beaucoup de Français de bonne volonté partageant ses convictions, œuvrent aujourd’hui dans d’autres organisations et il n’est pas question pour les bonapartistes de les traiter en adversaires ni même en concurrents. Il faut au contraire leur tendre la main, comme les bonapartistes doivent d’ailleurs tendre la main à d’autres mouvements dans un esprit de camaraderie pour créer des synergies et coopérer avec eux chaque fois que cela est utile à leurs idées communes.  Mais cette attitude de la main tendue ne doit pas porter les bonapartistes à des alliances contre nature en direction de certains mouvements. Les bonapartistes n’ont rien à faire ni avec les extrêmes gauche ou droite ou bien avec les tenants convaincus d’une France faible.

Le bonapartisme peut correspondre d’abord au besoin de renouvellement de la scène politique française mais, surtout, il répond pleinement aux aspirations d’une large fraction du peuple qui souhaite que l’on remette de l’ordre en France et qu’on lutte contre la paupérisation. 

Un mouvement bonapartiste ouvre donc de très vastes perspectives politiques, car l’électorat qu’il peut rassembler est considérable. Ainsi la force politique que veut constituer le courant bonapartiste, avec d’autres mouvements s’ils le souhaitent, peut-elle compter sur un électorat potentiel s’il s’en donne la peine. Autant dire que le vaste projet de renouveau, que les bonapartistes doivent proposer à leurs compatriotes, est parfaitement réalisable. Dès lors que tous les patriotes réussiront à se rassembler derrière un mouvement bonapartiste ou dans une Union pour la France, ils pèseront suffisamment pour gouverner le pays et y remettre de l’ordre. 

Mais il faut voir combien la situation se révèle à la fois dramatique et prometteuse. Le courant bonapartiste au sein de la famille “souverainiste” et patriote a toujours été marginalisé mais surtout culpabilisé par les « républicains » (gaullistes ou autres), il doit parvenir à s’imposer comme un interlocuteur incontournable. Aujourd’hui, cependant, les blocages qui empêchent cette reconnaissance sont en train de sauter. Mais, il faut être parfaitement conscient, que des difficultés importantes existent, qu’il faut les aplanir. Le courant de pensée bonapartiste ne doit pas se balkaniser, se diviser, le temps est au rassemblement et non à la guerre de chapelles… un grand travail de reconstruction doit d’abord être mené à bien. 

Mais tout cela peut aller assez vite, car il s’agit de clore rapidement le débat entre bonapartistes “monarchiques” et bonapartistes “républicains”, la restauration du trône impérial n’a plus de raison d’être aujourd’hui, le Prince Impérial ne parle-t-il pas de respect des institutions ? Un mouvement bonapartiste doit-il devenir une pâle copie, de l’Action Française par exemple, vivant dans le songe d’un retour à l’Empire ? Partir dans cette voie serait un handicap de plus à surmonter car les inquisiteurs du politiquement correct y trouveraient de quoi alimenter leurs procès d’intention et les affirmations gratuites à l’égard du bonapartisme. Ils ne se priveraient pas, en plus de traiter de fascistes ou de doux dingues nostalgiques les bonapartistes, de vouloir faire voir en eux un mouvement réactionnaire et ennemi de la Nation. Aux bonapartistes de faire en sorte que ne soient pas trompés tous les Français et notamment tous ceux qui, partageant leurs idées d’autorité, d’indépendance et de progrès, constituent leur électorat potentiel. 

Il est temps d’être clair, il est temps d’être réaliste !

David Saforcada