SNCF : Des revendications sincères, des actions cependant critiquables !

Un grand nombre d’agents de la SNCF a usé vendredi et samedi d’un “droit de retrait” pour exprimer un désarroi, mais ce sont les usagers qui en ont payé le prix fort.
France Bonapartiste condamne la casse du travail effectuée par la Direction de la SNCF mais condamne tout autant la mise à mal des Français par les agents, lors de l’application d’un droit syndical.


Scène de chaos dans la plupart des gares SNCF du continent ce vendredi, lorsque la majorité des agents de la SNCF usent de leur « droit de retrait », laissant un nombre important de trains immobiles sur les rails, et des voyageurs incrédules sur les quais.

Conséquence directe : tous les voyageurs se sont retrouvés désemparés. Ils ne pouvaient se rendre pour les uns sur leur lieu de travail ou bien retourner dans leur foyer, et pour les autres sur leur lieu de vacances dont les billets avaient été achetés il y a plusieurs semaines, et le budget prévu calculé au centime près.

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Mais avant de décortiquer le fil des événements, intéressons-nous sur le versant légal de cette opération.

Le « droit de retrait » s’apprécie à la lecture de l’article L.4131-1 du Code du travail. Il dispose que « Le travailleur alerte immédiatement l’employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection.

Il peut se retirer d’une telle situation.

L’employeur ne peut demander au travailleur qui a fait usage de son droit de retrait de reprendre son activité dans une situation de travail où persiste un danger grave et imminent résultant notamment d’une défectuosité du système de protection. »

Les syndicats ayant appelés les salariés de la SNCF à effectuer ce « droit de retrait », s’appuient sur l’accident intervenu entre un TER (train express régional) et un camion le mercredi 16 octobre dernier sur le passage à niveau de Saint-Pierre-sur-Vence, entre Charleville-Mézières et Poix-Terron. Dans son communiqué, la fédération CGT des cheminots accuse la direction dans ses choix en matière de généralisation « de la mise en place des équipements à agent seul (EAS, matériel roulant sans contrôleurs) sur l’ensemble du territoire. » et de l’« abandon de présence humaine […] appliquée aux gares avec la fermeture des guichets et la suppression annoncée de l’autorisation de départ. »[1]

Nous rencontrons aujourd’hui deux situations :

  1. la première concerne la pleine légitimité des revendications,
  2. la seconde concerne l’incompatibilité entre ces revendications, le malheureux accident de mercredi, et la décision de paralyser le pays en usant du « droit de retrait ».

En effet, il est irresponsable de mettre des Français dans une situation dramatique, les laissant sans moyens de transports, sans solutions alternatives et sans toute prévenance.

Nous considérons en effet, que ce « droit de retrait » a été utilisé de manière abusive par les agents de la SNCF, dans le seul but d’assoir des revendications qui peuvent être – nous le rappelons – légitimes. La justice tranchera, mais nous considérons aujourd’hui qu’il n’y a eu, sur l’ensemble du territoire, et pour l’ensemble des agents de la SNCF, un danger grave et imminent pour leur vie ou leur santé, et pouvant être considéré comme motif raisonnable permettant l’usage du « droit de retrait ».

Ces tensions se sont en réalité greffées à l’animosité déjà existante depuis quelques semaines, ayant pour source la volonté du gouvernement d’aller de l’avant sur le sujet de la réforme des régimes de retraites mais également de l’orientation de la direction de la SNCF en vue d’une réduction des coûts de gestion et de personnel, au détriment de la qualité du travail et des conditions dont ce travail est exercé par ses agents.

Les cheminots ont raison de demander la présence d’un contrôleur dans les trains.

Ils devraient demander aussi la présence de deux personnels de la surveillance ferroviaire dans tous les trains ainsi que dans les gares mais cela conduirait à une explosion des effectifs de ce qu’on appelait avant la SUGE (Sûreté ferroviaire composée essentiellement de la Surveillance générale).

Hélas dans un souci de compression des personnels, la Direction est maintenant sur un plan de projection de l’unité nationale d’intervention.

Si les cheminots ont besoin effectivement de renforts de sécurité ponctuel ils ont besoin de sécurité au quotidien, sans pour autant légitimer toute action de revendications qui pourrait être interprété d’une manière ou d’une autre par les acteurs concernés.

C’est pour cela que France Bonapartiste SOUTIENT les revendications des agents de la SNCF en matière d’emploi et de conditions de travail mais CONDAMNE fermement l’application effectué ces derniers jours du « droit de retrait », qui l’a été selon nous de manière abusive.

Ne pas se tromper de cible doit être le raisonnement des responsables syndicaux, car les Français ne peuvent être pris pour garants et en payer le prix tant financier que psychologique !


[1] https://www.cheminotcgt.fr/wp-content/uploads/2019/10/20191017_communique_debrayage_national_ADC_ASCT.pdf