L’Education Nationale face aux problèmes actuels

La rentrée des vacances de la Toussaint, déjà particulière par les conditions sanitaires dues à la pandémie, sont d’autant plus troublées par les évènements survenus à Conflans-Sainte-Honorine où l’un de nos concitoyens, Samuel Paty fut lâchement décapité pour le simple fait d’exercer sa profession.

Dans ce climat anxiogène, l’Education Nationale rendra hommage au professeur dans toutes les écoles lundi matin comme un élan unanime de la Nation pour la liberté d’expression.

Ce triste évènement soulève un lourd réquisitoire sur le rôle de l’Instruction de nos valeurs républicaines et d’un travail de mémoire difficile à garantir auprès de nos plus jeunes concitoyens. Par le passé, nous avons vu des signes avant-coureurs d’une fraction ayant lieu au sein de nos établissements scolaires. A maintes reprises, le programme scolaire fut modifié, des périodes de l’Histoire étudiées ont été abrogées et les points de vue se sont montrés moins moralisateurs. Ces bouleversements ont été jugés nécessaires pour développer l’esprit critique et personnel des élèves. L’E.M.C. (Enseignement Moral et Civique) intronisé en 2015 est une matière scolaire visant à apporter aux élèves un esprit citoyen et les connaissances des Valeurs de notre République dans un fonds de débat, de forme assouplie et ludique d’apprentissage. Et pourtant, c’est bien dans cet apprentissage que Samuel Paty, professeur à Conflans-Sainte-Honorine fut décapité en place publique par un terroriste islamique. Ainsi, dès à présent, le système scolaire est remis en question.

Dans un premier temps, nous assistons à une faiblesse de la Laïcité. Selon un sondage Ifop, pour le JDD, 78% des Français jugent que la laïcité est menacée (étude menée en 2018), signe déjà ancien des problèmes accentués récemment. Ce concept essentiel est sans cesse remis en question. Les récentes actualités font ressortir des tiroirs de l’Education Nationale un rapport publié en 2004 par l’Inspecteur Jean Pierre Obin intitulé « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires », cité à de nombreuses reprises par les médias, ce rapport alertait, jadis, les dérives communautaristes religieuses (sujet fort pour France Bonapartiste) au sein de l’Ecole de la République. Les contestations étaient multiples, allant du refus de parler de certains auteurs, des difficultés lors des fêtes religieuses, du négationnisme en passant par les guerres de religions et coloniales qui sont dénigrées et enfin par les violences faites aux filles. Ce rapport illustre une emprise religieuse et culturelle qui s’installait au sein de nos écoles par le biais des rapports élèves-corps enseignants. Citons comme exemple, l’Affaire Paty qui a vu la mise en examen de deux adolescents, 14 et 15 ans pour complicité d’assassinat terroriste. Dans son interview en date du 22 octobre livré sur Europe 1, le ministre de l’Education Nationale déplore le fait que l’UNEF (syndicat étudiant) « cède à ce type de choses » en évoquant une installation de l’islamo-gauchisme dans le domaine de l’Apprentissage.

Le climat de tension au sein de l’Education est aussi le rapport entre parents d’élèves et professeurs. Aussi ambigu qu’il puisse paraitre il est souvent insoutenable pour les professeurs. Oxymore de la pensée que l’on se fait de la vieille école, les parents d’élèves se sont vu prendre de l’influence et dans certains cas l’image d’une défiance face à l’autorité du professeur. Cela représente une des causes de la mort de Samuel Paty. Dans une interview donnée sur LCI le 19 octobre dernier, Jean Pierre Obin s’insurge que depuis son rapport, il y a eu une augmentation considérable des atteintes à la Laïcité provoquées par les parents d’élèves. 

Nous ne pourrions pas évoquer nos écoles sans citer nos professeurs ! Ils sont en première ligne de l’Instruction et sont le premier maillon du corps enseignants. Nous avons vu dans les différentes manifestations organisées pour rendre hommage à Samuel Paty et pour redorer le blason de la liberté d’expression, un bon nombre de professeurs qui ont eu à faire face à des problèmes et des menaces dus à leurs cours. Le rapport Obin confirme que les plus amènes à faire face à cela sont les professeurs d’Histoire-Géographie, E.M.C. qui sont en charge de transmettre les valeurs Républicaines par l’histoire de notre Civilisation et le passé glorieux de la France. Cet exemple est significatif d’un problème culturel qui est au sein de la Nation. De plus, soulignons avec regret que le Martyre de la République avait signalé les menaces reçues de la part d’un parent d’élève. Pourrions-nous ainsi nous demander, l’ignorance de la Hiérarchie ou le laxisme du ministère ? Tout d’abord, notons que selon le rapport de 2004, l’Inspecteur cite que seulement 6% des professeurs sont formés pour répondre aux questions sur la Laïcité, chiffre significatif d’un manque de moyens ! Ainsi, nous nous retrouvons avec des professeurs qui affirment selon un sondage Ifop en 2008 que 37% des enseignants de la maternelle au lycée déclarent s’être auto-censurés. Par manque de soutien préventif et par peur de se retrouver seul, notre enseignement se tait sur certains sujets à débattre. Pour y remédier Jean Michel Blanquer promet la reconnaissance financière et la protection dans un « Grenelle de l’Education ». Les enseignants comptent sur des réponses efficaces et une protection dans leur rôle d’instruite les idées Républicaines. L’Education Nationale prévoit un budget de 400 millions d’euros pour l’augmentation des salaires et la reconnaissance comme « central » du rôle du Professeur.

Ce Grenelle de l’Education qui se clôturera dans trois mois sera-t-il la réponse ferme attendue par la Nation ? Un sujet épineux et un débat qui promet d’être intense.

Pierre Daprile