entre le CETA et le Traité 1860, il y a un monde …

Avec le traité de CETA, certains se croient revenus aux traités de libre échange du Second Empire. Il est vrai que Napoléon III avait mené à bien plusieurs négociations avec la Grande-Bretagne mais aussi avec nos principaux partenaires commerciaux. Alors, Est-ce à dire que les bonapartistes sont partisans d’une ouverture sans faille des frontières ?

Au contraire, les deux Empires sont plutôt protectionnistes, favorisant l’emploi national et protégeant notre marché contre des importations agressives.

Certes, le traité de libre échange conclu en 1860 apparaît un acte isolé au sein d’une politique interventionniste et protectionniste. Il a néanmoins ses explications qui ne sont guère transposables à la situation actuelle. Le négociateur français, Michel Chevalier est un ardent saint-simonien. Il n’est donc pas un ultra libéral et encourage toujours l’intervention de l’Etat dans l’économie, ce serait-ce que par une politique de grands travaux, d’encadrement du crédit, ou encore par la souveraineté de la France sur la monnaie. Le libre échange de 1860 se pratique entre deux Etats équilibrés. La France et la Grande-Bretagne sont alors les deux nations les plus riches, les plus industrielles, les plus prospères et les plus avancées socialement. L’ouverture des frontières se pratique alors entre des pays de même niveau. Tous les deux font alors des concessions afin d’encourager leur agriculture et leur industrie. Les taxes douanières sont abaissées de part et d’autre mais sans que l’un des partenaires ne puisse se sentir “floué”. Ainsi, de 1846 à 1875, les exportations françaises sont multipliées par cinq en valeur (de 0,9 à 4,5 milliards de francs). Leur part dans le produit national passe de 6,2 % à 20,6 %. Le traité de 1860 favorise donc la production et le commerce. Il restera en vigueur jusqu’en 1892.

Mais, aujourd’hui, peut-on ouvrir trop largement nos frontières aux produits étrangers ? Notre faiblesse économique est trop évidente pour nous permettre de surmonter une telle épreuve. Le libre échange n’est valable qu’entre deux partenaires équilibrés, pouvant, tous deux, tirer bénéfices du traité et si, de surcroît, les Etats disposent toujours des autres leviers lui permettant de réguler l’économie (souveraineté monétaire, budgétaire, financière, économique…).

Thierry Choffat, co-président de France Bonapartiste